La découverte d’une nouvelle création

Étrange sensation que de découvrir une nouvelle création ! Cela dépend évidemment de la      
place que l’on y occupe, celle du chorégraphe ou celle du danseur. Dans tous les cas, c’est tout un processus qui interpelle son moi profond et sa capacité à transmettre un propos, une émotion particulière à l’instant T.

                  Pour ma part, chorégraphe de la compagnie, une nouvelle création est une longue deux danseuse de la Klaus compagnie de dos assises sur un bancmacération, un temps inconscient où s’immisce dans mon esprit des images, des sensations jusqu’au jour où elle explose devant mes yeux, vierge d’erreur, limpide, et évidente. Alors, commence une course contre la montre, celle de noter en langage cohérent cette vision en 3D.

                 débriefing Klaus compagnie après un filage sur scène Le choix musical va être crucial afin de ne pas corrompre cette partition, en respecter tous les aspects et les émotions sans les dénaturer ou les détourner. Une fois ces deux paramètres réunis, le bébé peut naître pleinement. J’ai toujours une vision précise de ce petit joyau brut, mais l’offrir à mes danseurs, c’est prendre le risque qu’elle soit biseautée, polie, tronquée ou sublimée. Voir la matière vivante du danseur s’approprier votre projet est parfois jubilatoire parce que transcendé, décevant par manque de conviction ou de compréhension, excitant par la transmission d’intentions insoupçonnées et inattendues.

                  Le jour de la générale, le bébé est né ; il est là, grand, magnifique. Il n’a plus réellement besoin de moi, il vit sans moi, et c’est un peu de moi qui meurt jusqu’au prochain soubresaut de création.

                  À l’issue de la générale, pour la première fois, mes danseurs m’ont livré leurs ressentis, leurs impressions, et je suis encore plus convaincu dorénavant que c’est le plus extraordinaire matériel que celui de l’humain ; savoir offrir son âme, son corps au service du rêve créatif.

                  L’impatience domine chez la plupart, la découverte des musiques est importante ;   danseuse Klaus Cie en répétition
vont-elles les inspirer, les rebuter ou carrément les ennuyer ? Peuvent-ils donner le meilleur  d’eux-mêmes s’ils ne sont pas intimement convaincus ? Commence alors le long cheminement de l’apprentissage avec toute sa palette d’émotions contradictoires. La hantise d’arriver à retranscrire au plus juste ce que le chorégraphe désire ; ils cherchent, ils échouent, ils rebondissent, ils réussissent, ils intègrent tous les paramètres et ils s’affirment. Le personnage commence à prendre le dessus sur l’interprète, le plaisir l’emporte sur la frustration.

                  Par moments, le danseur peut être à l’opposé émotionnellement du souhait du chorégraphe, mais cela lui permet de trouver son propre chemin, de participer pleinement au processus de naissance d’un personnage. Le danseur offre sa plus belle confidence par son corps, une prolongation de ses émotions, un cadeau inestimable sans aucun compromis.                       Parfois il est difficile de satisfaire certaines idées farfelues et le doute s’installe, subsiste ; le corps refuse, réfute, capitule. La réussite passe par toutes ces phases de doute et souvent, le résultat est au-delà des espérances escomptées ; le danseur déroute son chorégraphe, sublime sa proposition. Quand le chemin est quasiment tracé, l’excitation l’emporte sur le questionnement et l’envie de partager, de donner, d’y poser des mots grandit ; faire et refaire, défaire pour mieux retrouver les émotions du début, se surprendre à son propre jeu.

Travail de répétition début création Romuald Klaus Cie Duo danseuse Valide et danseuse en fauteuil Klaus Compagnie Danseuse non valide, travail au sol Klaus compagnie

                  Une création chorégraphique est une équation à multiples inconnues, une addition des corps, une soustraction des egos, une multiplication des partages, un ping-pong entre le chorégraphe et ses danseurs. Il ne faut pas oublier les invisibles, le magicien des clairs- obscurs, le faiseur de soleil, le dompteur du noir intense, l’habilleur de lumière.

Pascal croce dans la lumière sur scène en répétition Régie lumière Klaus Compagnie Ombre & lumière

                  L’étoffe crée le personnage, les mélanges de matières ouvrent le champ de l’interprétation, enveloppe le danseur pour qu’il disparaisse derrière son costume.

Oui ! L’alchimie d’une création est bien trop complexe pour en extraire une notice ; le plus important, c’est que le spectateur s’engouffre dedans et en ressorte transformé consciemment ou inconsciemment.                 Danseuse bras vers les étoiles Klaus Compagnie

 Danser toujours plus haut, plus grand et vous toucherez peut-être les étoiles.

 

Un profond merci à toute mon équipe, merci Christèle, Stéphanie, Maïté, Myriam, Sandra, Armanda, Cyril, Jeannick, Jean-michel, Marco, Fabrice.

                                                                                        Pascal Croce

crédit photo chroma films 
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